KRISTO NUMPUBY DONNE DU RYTHME A BRASSENS
Dans la même veine que le premier volume, le guitariste, auteur compositeur et interprète franco-camerounais, Kristo Numpuby (prononcez Noum-Pou-by) célèbre les 104 ans de Geoges Brassens avec Brassens en Afrique Vol. 2. Confidences.
Couleur Café : Après avoir produit Brassens en Afrique Volume 1, qu’est-ce qui t’a poussé à produire à nouveau un volume 2 ?
Kristo Numpuby : Ce volume 2 me paraît évident notamment parce que j’ai redécouvert Georges Brassens sur scène. Je suis allé plus loin que prévu dans la restitution de ses chansons, ce qui m’a donné envie de montrer cette facette au public. C’est comme le prolongement d’une tournée.
Brassens a un répertoire assez riche, sur quoi t’es-tu basé pour choisir les chansons qui figurent sur ce nouvel album ?
J’ai fait un sondage, en m’adressant à une dizaine de personnes musicalement proches de Brassens en leur proposant une liste de chansons à travers laquelle elle devait choisir celles qui les touchent le plus. À la base, il y avait une cinquantaine de titres ainsi que d’autres, qui m’inspiraient un peu plus.
Et comment s’est opéré le choix du rythme ?
Le choix du rythme des chansons de Brassens s’est fait à travers les percussions. Dans un premier temps, j’ai lu les textes sans les chanter, puis je les ai rythmés sur une table avec mes doigts. C’était instinctif et en fonction du texte. Ils sont denses, il y a des silences, des saccades et des ritournelles. Les rythmes se sont imposés en jouant des percussions.
Tu utilises une guitare basse, une ou deux guitares d’accompagnement…
Parfois il y en a trois. J’avais envie de renouer avec la guitare électrique qui m’a permis de mettre des effets sur certains titres, comme Les Sabots d’Hélène. J’avais toujours rêvé de mettre un effet wa-wa dans une chanson, ce que j’ai réalisé dans la musique de Brassens.
Est-ce que Georges Brassens t’a influencé en tant que musicien dans ta carrière ?
En fait oui, mais je ne le savais pas ! J’ai toujours pensé que l’artiste qui m’a le plus influencé par rapport aux textes était Francis Bebey. En réécoutant l’album En Sol Me, que j’ai produit en 2001, où figure le titre Tu peux passer chez moi, je me suis rendu compte que je l’avais écrit comme un parolier et chanté comme Brassens. Il y a aussi d’autres artistes, comme Manu Dibango ou André-Marie Tala qui m’ont aussi influencé.
Comment expliques-tu que Georges Brassens rencontre une certaine popularité notamment en Afrique ?
Je l’explique par le fait que lorsqu’on l’écoute chanter, ce n’est pas un blanc qui chante mais plutôt un voisin, une personne qu’on connait. On se reconnait dans ses chansons, les histoires qu’il raconte sont universelles, elles sont aussi africaines.
Qu’est-ce que tu apportes en plus à la musique de Georges Brassens en te la réappropriant ?
Je ne sais pas si c’est à moi de le dire mais j’ai le sentiment de partager le rythme avec celles et ceux qui aiment les textes. Une chanson, quelle qu’elle soit, peut s’écouter, se danser si on veut, même avec une seule guitare. J’apporte une certaine insouciance.
Dans les chansons de Georges Brassens, il y a aussi beaucoup d’humour, est-ce à dire que tu t’y retrouves ?
Il y a certaines chansons que j’ai écoutées plus d’une centaine de fois et qui me font toujours rigoler. Par exemple, La Première fille, qui me fait rire parce qu’elle me rappelle aussi ma première fois ; il y a aussi la chanson Sauf le respect que je vous dois, où je trouve qu’il faut oser écrire et chanter Parlez-moi d’amour et j’vous fous mon poing sur la gueule sur un disque ou sur une scène. C’est aussi peut-être cet humour qui nous touche, nous les Africains.
Peut-on dire que reprendre Georges Brassens t’a permis de le connaitre une peu mieux ou plus en tant qu’artiste ?
Reprendre cet artiste m’a surtout permis de me rendre compte que je ne le connaissais pas vraiment, que je le survolais. Le fait de le reprendre m’a permis de me replonger dans son répertoire, j’ai lu et relu ses biographies, tous les écrits qui sont en rapport avec lui.
Combien de chansons avez-vous retenu dans Brassens en Afrique volume 2 ?
Il y a 19 chansons, j’en ai adapté deux en ma langue maternelle le Bassa.
Et pourquoi avoir adapté ses textes ?
Tout simplement parce que je suis aussi un parolier. C’est une adaptation qui n’est pas loin de l’originale, c’est la même histoire. Tout a commencé dans le RER D. J’allais vers Malesherbes, j’en avais pour 2 heures à partir de la station Châtelet. Je ne sais pas pourquoi ? J’ai ouvert mon sac, j’ai pris une feuille et j’ai commencé à écrire la chanson Le parapluie, en bassa. Les mots me sont venus sans trop réfléchir et je me suis rendu compte que je tenais quelque chose. Cette expérience m’a donné envie de chanter Brassens en bassa, donc Brassens est aussi un Africain.
Propos recueillis par Samuel Nja Kwa
En concert au Café de la Danse le 22 octobre 2025
Sortie de l’album Brassens en Afrique Vol.2 le 22 octobre 2025
Plus d’informations sur : www.kristonumpuby.com




