Annick Kamgang, Une autofiction historique

Originaire du Cameroun et de la Guadeloupe, Annick Kamgang est une jeune autrice de bande dessinée. À travers Les enfants du Pays, son dernier ouvrage, elle nous entraîne dans une quête familiale qui nous mènera au Cameroun. On découvre ainsi la guerre coloniale, effacée des livres d’Histoire de ce pays. Rencontre.

Couleur Café : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs s’il vous plaît ? 

Annick Kamgang : Je suis dessinatrice de presse depuis environ 7 ans. J’ai commencé à publier des dessins de presse pour le journal Jeune Afrique sur l’actualité africaine. Ensuite, je suis passée à la bande dessinée. J’ai publié en 2021 une bande dessinée intitulée Lucha, qui est une chronique d’une révolution sans armes au Congo qui parle d’un groupe de jeunes congolais de la société civile basé à Goma dans le nord Kivu, une région marquée par la guerre depuis plus de 30 ans. C’est une bande dessinée scénarisée par une journaliste.

Je réalise régulièrement des petites bandes dessinées et des illustrations pour la presse, l’édition et pour des ONG. 

Couleur Café : Comment est née l’idée de cette BD ?

Annick Kamgang : Il y a quelques années, j’avais rencontré Thomas Deltombe, un des coauteurs du livre Kameroun, une guerre cachée aux origines de la Françafrique, qui raconte la guerre de décolonisation au Cameroun des années 1950 aux années 1970. J’ai fait le lien avec ma propre histoire, plus précisément celle de mon père qui a grandi au Cameroun en pays bamiléké là il y a eu la guerre. Il faisait partie de ceux qui ont pris le maquis. Je me suis saisie de ce sujet de la manière la plus personnelle possible en me basant sur mon histoire familiale.

Pourquoi avoir choisis de traiter ce sujet sous un format BD ?

Eh bien, parce que je suis autrice de bande dessinée tout simplement. C’est mon moyen d’expression. C’est ma deuxième bande dessinée. Je trouve que c’est une manière accessible de raconter une histoire un peu complexe. Ma bande dessinée est complémentaire d’un livre d’histoire. Elle rend cette histoire plus accessible et plus incarnée puisque je raconte cette histoire à travers mon histoire familiale.

Pouvez-vous nous dévoiler votre hstoire familiale ?

Ma bande dessinée Les enfants du pays, est une autofiction basée sur des faits réels. Mon histoire, celle de mon père qui s’appelait Hubert Kamgang. Ce dernier avait fondé un parti dans les années 1990 au Cameroun après l’opération des villes mortes. Il militait pour le panafricanisme. Il s’est aussi présenté trois fois à l’élection présidentielle. Ma BD ne raconte pas précisément l’histoire et l’engagement politique de mon père, mais par contre elle raconte son enfance pendant la guerre au Cameroun. J’ai apporté des éléments de fiction pour en faire une histoire j’espère captivante. 

J’imagine qu’il a fallu vous documenter comment avez-vous procédé et combien de temps pour arriver à ce résultat ?

Je me suis énormément documentée sur le sujet. J’ai commencé à travailler dessus en 2020, ici en France. Ensuite j’ai effectué trois voyages au Cameroun, dans le cadre d’une résidence d’écriture avec la fondation Ngacha à Bangoulap, j’ai financé mon deuxième voyage en 2022 ainsi que mon troisième voyage en 2023. Je suis allée dans des endroits où cette guerre a eu lieu, en pays Bassa et en pays Bamiléké, à Douala et à Yaoundé. Cette guerre s’est déroulée un peu partout mais il y avait des épicentres, dans ces régions en question. Je me suis énormément documentée, j’ai regardé pas mal de films documentaires. 

Le personnage de Hubert existe -t-il vraiment ?

Je l’ai inventé mais Hubert Kamgang qui était mon père existe vraiment. 

Cette bd est aussi conçue comme un story-board, on pourrait en faire un film, est-ce l’idée ou y avez-vous pensé ?

L’art de la bande dessinée, c’est la narration, c’est une histoire dessinée, avec des actions dessinées de vignette en vignette. La bande dessinée est un art forcément influencé par le cinéma et il arrive très souvent que des bandes dessinées soient adaptées au cinéma.

Comptez-vous la présenter au Cameroun ?

Il est prévu qu’elle soit distribuée à la Fnac de Douala et à Yaoundé à la librairie des peuples noirs, mais je n’ai pas encore de date. Vos lectrices et lecteurs peuvent se connecter avec moi sur les réseaux sociaux pour en savoir plus. N’hésitez pas à me suivre pour avoir des nouvelles.

Pour en savoir plus sur Annick Kamgang

https://annickkamgang.com

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