Le jazz créole de Valérie Chan Tef

Pianiste, bassiste, percussionniste, chanteuse, Valérie Chan Tef a plusieurs cordes à son arc. De formation musicale classique, elle renous avec les musiques populaires de son île, la Réunion. À travers Radio Péï, son nouvel album, elle revisite, réinvente et partage les musiques de son enfance. Pour cela, elle s’empare du micro et de la guitare basse. Découverte. 

Couleur Café : Votre nom est-ce un nom d’artiste ou votre vrai nom ?

Valérie Chan Tef : C’est mon nom, il est d’origine chinoise. Je suis Réunionnaise et j’ai des ancêtres Chinois, ça vient de mon grand-père paternel. Chan désigne les Chinois qui viennent de la région du Canton.

Quelles musiques écoutiez-vous durant votre enfance ?

J’ai été bercée par les musiques populaires de la Réunion : Le séga, le maloya… Mes parents écoutaient essentiellement ces musiques, qui passaient souvent à la radio. Il y avait aussi un petit peu de variétés internationales parce qu’on s’intéressait à ce qu’il se passait à l’extérieur.

Lorsqu’on a étudié le piano classique comment revient-on vers la musique populaire ?

J’ai effectivement une formation classique, j’ai commencé à apprendre à jouer du piano à l’âge de 7 ans. Les rencontres m’ont emmenée à m’intéresser à d’autres styles de musique. Le jazz a été ma deuxième passion après le classique, puis lorsque je me suis installée à Bordeaux, j’ai rencontré des musiciens latinos, qui m’ont fait connaitre la musique latine. Je suis aussi tombée amoureuse des rythmes caribéens, où j’ai retrouvé plein de similitudes avec la musique réunionnaise. Finalement il a fallu que je m’intéresse à d’autres musiques créoles pour revenir à la musique créole de chez moi. C’est ce qui me représente le plus, c’est la musique dans laquelle je m’identifie.

Durant votre parcours musical, vous avez créé plusieurs groupes de musique, quelles différence avec ce nouveau projet Tèr laba ?

Jusqu’à présent, j’ai été pianiste dans mes projets et là j’ai une place de chanteuse, j’y joue aussi de la guitare basse. C’est un projet que j’ai coécrit avec Florence Vincenot au piano. Je me suis toujours intéressée à d’autres instruments de musique. J’aime chanter ; me retrouver sur cette voie aujourd’hui est tout à fait « logique ». J’étais motivée et Florence Vincenot m’a encouragée à me lancer.

Comment vous êtes-vous préparée à chanter ?

Je n’avais jamais vraiment chanté. J’ai toujours fait des chœurs, notamment sur des musiques latines. En fait, lorsque je me suis intéressée à ces musiques, j’ai constaté que tous les musiciens chantaient ou faisaient les chœurs, quel que soit l’instrument qu’ils jouent. Lorsque j’ai commencé à jouer avec eux, je me suis habituée très vite à faire les chœurs tout en jouant du piano. 

Aujourd’hui, j’occupe une vraie place de chanteuse, je suis la voix lead, je prends un peu plus de risques, c’est une continuité par rapport à tout ce que j’ai fait jusqu’à présent. 

Sur scène vous allez devoir adopter une attitude nouvelle.

Oui, je ne peux plus me cacher derrière un meuble, mais j’ai gardé la guitare basse. Je découvre cette place, qui est particulière. La voix est plus proche de nous par rapport à un instrument sur lequel on joue, qui nous est extérieur, même si on l’utilise. Le chant demande beaucoup plus d’exigence ne serait-ce que par rapport à notre hygiène de vie, c’est un instrument que je découvre et qui est fragile.

Ça fait partie des challenges qui vous font grandir.

Tout à fait, ça me booste, c’est une continuité par rapport à ce qui m’intéresse depuis quelques années. 

Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est l’album Radio Péï ?

À travers Radio Péï nous reprenons des musiques populaires de la Réunion, des vieux séga, quelques maloyas, on y trouve aussi mes compositions. La radio renvoie à tous ces rythmes que j’écoutais durant mon enfance, c’est le point de départ de ces musiques populaires que l’on danse pendant les fêtes.

Dans le groupe qui vous accompagne, vous êtes entourée de musiciens de renom et d’origines diverses : Thierry Fanfant à la basse, Florence Vincenot au piano, Inor Sotolongo aux percussions et Albert Ghano à la batterie.

C’était intéressant de faire appel à des musiciens qui sont très attachés à leur culture et d’intégrer leur approche des musiques populaires de la réunion. C’est un album très riche.

Nous avons laissé « carte blanche » à chaque musicien afin qu’il amène leur vision du maloya et du séga. Ils avaient tout de même déjà joué cette musique-là et c’est leur propre approche qui m’intéressait. Le projet s’appelle Tèr Laba, chacun y a apporté son bout de terre.

Propos recueillis par Samuel Nja Kwa

photos crédit pochette Fabien Doubut/Iris Mardemoutou

À voir

  • Du 15 au 22 Mai : Tournée à la Réunion.

À écouter : Radio Péï

Valerie TERLABA

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