MOCA : un sommet économique sur les Industries créatives et culturelles

Les professionnels des Industries créatives et culturelles d’Afrique et de sa diaspora se sont rencontrés, lors du 8e sommet du MOCA du 18 au 20 mai 2023, à Rabat, dans le cadre de Rabat capitale africaine de la culture, agenda 2022. Cette édition note l’implication du Royaume du Maroc à travers son Ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, Mohamed Mehdi Bensaid. 

Un dîner gala afro fusion à quatre mains 

Le dîner Gala gastronomique savoureusement concocté à quatre mains, par les Chefs Moha et Abegan a accueilli les festivaliers à la Tour Hassan Palace de Rabat. Les paillettes dans leurs yeux, assiettes féériques aux goûts fins, plus qu’une invitation dans les mystères inondés de la gastronomie du continent. Une fusion entre la méditerranée et le sud du Sahara. Cet accueil royal est marqué par l’intervention engagée de Monsieur Jean-Pierre Élong Mbassi, Président du Comité d’Organisation des Capitales Africaines de la Culture, situant le contexte du sommet en le mandatant de « faire que les métiers de la culture soit une opportunité d’avenir pour les jeunes africains ». En invité d’honneur, Jean Pierre Elong Mbassi, non moins Secrétaire General des Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique et Charles Binam Bikoi, Secrétaire Exécutif du Centre international de Recherche et de Documentation sur les Traditions et Langues Africaines, imprègneront le sommet par leurs propos engagés pour une Afrique fière et économiquement puissante. Deux fers de lance, de l’Afrique qui se conçoit majestueusement par elle-même.

Des journées professionnelles de prospectives économiques

Lors des journées professionnelles, déclinées en Business Meetings, Master Classes et Think Tank ont permis d’aborder les thématiques transversales de la propriété intellectuelle, de la structuration et l’accompagnement des artistes, de la diffusion des œuvres, ainsi que la créativité touchant les champs de l’artisanat-mode-design et l’innovation technologique. Des professionnels de plusieurs segments des Industries Culturelles et Créatives (ICC) se sont entretenus pendant ces journées. 

Le Mouvement Afrique Créative, MOCA se découvre un véritable vivier itinérant de prospective qui continue son voyage, ayant commencé à Paris, Kigali et cette année à Rabat dans le cadre de l’agenda 2022. Pour sa 8e édition, les participants ont insisté sur la nécessité de créer du lobbying avec les entreprises privées afin de pouvoir financer les projets innovants sur le continent et sa diaspora. 

Un plaidoyer du styliste Alphadi

Le MOCA 2023 enregistre la remarquable participation du créateur Alphadi, dont le propos s’est ponctué en argumentaire en faveur des chiffres clefs sur les stylistes du monde, ils sont au nombre de 50 000 dont la majorité vient d’Afrique ou sont afro-descendants. Un diagnostic éminemment parlant de la masse de l’offre et de la demande. Le styliste nigérien est revenu sur la responsabilité des créateurs, parce que selon lui, « le produit de qualité est vendeur ». Il soutient qu’il faut « consommer les productions du continent, faire en sorte que les créateurs africains vivent de leur art, en portant leur création, parce qu’on a un aura, on a des vêtements et nous sommes des gens civilisés. ». Il est persuadé que la jeunesse africaine a compris que la mode est une industrie. Aussi, la démographie du continent, en majorité jeune est de bonne augure pour l’avenir de l’Afrique. Du reste, il fêtera les 25 ans du FIMA au Cap Vert, dans l’esprit de l’Afrique qui gagne.

Quatre recommandations à la fin du MOCA

Quatre recommandations phares sont retenues à la fin du MOCA : d’abord la nécessité de régler les problèmes liés au copyright et de Propriété intellectuelle, qui engagent tout le monde, les opérateurs, les artistes ; la deuxième idée ambitionne de voir le think tank sur le droit d’auteur devenir un groupe de travail au sein de l’union africaine, chargé d’une plateforme régulatrice. Nos sociétés de droit d’auteurs une à une n’étant pas suffisamment solide, il faudrait une capacité de négociation continentale pour que les acteurs des ICC soient à même de peser. La troisième idée est de faire émerger des places commerciales, des routes culturelles en Afrique pour que la culture joue son rôle dans l’intégration africaine et à l’accélération de la zone de libre échange culturelle africaine. La quatrième et dernière recommandation est la création d’un forum économique de la culture à l’échelle du continent.

Cette huitième édition fut le lieu de concevoir la culture comme levier de puissance économique au-delà de sa conception primaire en tant qu’élément d’ancrage de son estime de soi, surtout comme un secteur économique. Sept capitales africaines se disputeront désormais la place de la belle qui recevra la neuvième édition du MOCA. L’Afrique est évidemment en nombre le marché de tous les espoirs des créateurs car c’est potentiellement 1,4 milliards de consommateurs intracontinentaux et 200 millions d’afro descendants dans le monde. 

Dia Yaye Sacko

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