Natalia M. King, Blues woman et libre.

Natalia M. King est une joueuse de blues. Née à Brooklyn, New York, elle suit des études de sociologie et d’histoire. A la fin de ses études, elle sillonne les États-Unis et participe à des “open mic” dans les bars. Débarquée en France en 1998, elle sort Milonga, son premier album en 2002. Womam Mind on my Own est son septième album. Elle se livre. 

Couleur Café : Qui est Natalia M. King ?

Je suis née d’une mère Dominicaine et d’un père Panaméen à Brooklyn, New York, en 1969. J’aime la musique, j’ai le blues dans les veines, je suis une femme libre avec des convictions. Et je fais en sorte de vivre ce que je dis. Je me découvre tous les jours.

Natalia M. King : En grandissant, quel genre de musique avez-vous écouté ?

J’ai écouté Michael Jackson, Yoko Ono, John Lennon, Rolling Stones, Marvin Gaye, The Beatles, j’écoutais un peu de tout parce qu’il y avait ce melting-pot des années 70 où tout était accessible. Et c’est grâce à ma mère qui était assez ouverte d’esprit. Plus tard, dans ma vingtaine, j’ai commencé à écouter le rock classique, le blues, Jimi Hendrix, Janis Joplin et Stevie Ray Vaughan. Je suis toujours curieuse, j’aime aussi entendre des choses nouvelles.  Aujourd’hui mes goûts vont de Nusrat Fateh Ali Khan à Cesaria Evora et plein de belles choses. J’écouterais de la musique jusqu’à mon dernier souffle.

CC : À partir de quand avez-vous pensé à devenir musicienne ?

N. M. K : Tout a commencé dans les bars. J’ai fait pas mal de “micro ouvert” dans ma jeunesse. Dans des bars où on permettait à tout le monde de chanter. Je venais jouer du blues avec un ami qui s’appelle Tony, à la basse. Je jouais du Janis Joplin, Elliott Murphy et les gens appréciaient. À cette époque c’était pour le “fun”. J’ai continué à évoluer dans ce milieu et un jour je me suis lancée. J’avais un travail que j’ai arrêté et j’ai décidé de voyager et de vivre de ma musique.  Je suis arrivée en France en 1998. Miraculeusement j’ai signé chez Universal Music en 2000.

CC : Vous arrivez donc en France et vous sortez un premier album, Milagro, en 2002, comment est-il reçu par le public européen ?

N. M. K : Très bien. Je suis arrivée juste avec ma guitare, le public m’a accueillie les bras ouverts et 21 ans après je suis toujours là.

CC : 21 ans après, vous êtes au-devant de la scène avec Woman Mind on my Own, qui signifie ?

N. M. K : Un esprit de femme qui m’appartient. Il y a cette femme, avec ses convictions, toujours libre. Son corps, son esprit, lui appartiennent. Elle fait ce qu’elle veut quand elle veut.

CC : Ce titre me fait penser à la chanson Soul Shadows de Joe Sample, qui parle d’esprit du jazz qui l’habitent.

N. M. K : Je crois en ces esprits qui m’habitent aussi et qui m’accompagnent. Ils sont là, ils me donnent la force de continuer et de m’améliorer.

CC : Votre album est riche en sonorités, il y a de la soul, du blues, du r’n’b…

N. M. K : L’intention était de montrer toutes les facettes du blues americana, un peu funky, country, et même pop, avec comme fil conducteur le blues.

CC : Comment travaillez-vous votre voix ?

N. M. K : Je travaille mon être, ma voix vient du fond de mon être. Je l’attribue aux esprits de la soul. C’est ceux que j’ai entendu, il ne s’agit pas uniquement de moi, ce sont ces êtres qui m’accompagnent depuis ces années. C’est aussi ce qu’on ressent.

CC : Sur le visuel de l’album, vos cheveux sont dans le vent, vous bougez, on voit vos mains, qui en a eu l’idée ?

N. M. K : C’est aussi une façon de montrer que je suis libre dans mon être. C’était une idée du photographe, Philip Ducap. Il m’a proposé cette image qui illustre bien que je suis. Une femme libre.

CC : Il y a un titre assez fort, intitulé Forget Yourself.

N. M. K : Cette chanson est dans la même veine que Otis Redding, Etta James. C’est de la musique soul qui touche beaucoup de gens.

CC : Le blues a aussi des racines africaines, est-ce que vous le ressentez ?

N. M. K : Je me sens Africaine non seulement par la couleur de ma peau, mais aussi par ce que je partage avec le monde. Je partage cette volonté d’unité et de force. Lorsqu’on écoute l’album Savane de Ali Farka Touré, c’est du blues. Lorsque j’ai entendu cet album, je me croyais en Louisiane, dans le Sud des États-Unis. Les blues est un état d’esprit.

CC : Quel est l’état du blues aujourd’hui ?

N. M. K : Le fait d’avoir signé avec Dixie Frog prouve que le blues a toujours sa place. Si on parle du blues ancien, à la Skip James, John Lee Hooker, il n’y en a plus. Il existe aujourd’hui d’autres extensions du blues. Joués par les nouveaux enfants du blues. Il faudrait peut-être réentendre des artistes comme Robby Johnson, en voix guitare.

CC : Comment expliquez-vous qu’il y ait de moins en moins de femmes aujourd’hui dans le blues ?

N. M. K : Il n’y en a pas beaucoup effectivement, mais j’espère qu’il y en aura. Peut-être qu’il y en a qui vont entendre mon album et s’y intéresser.

CC : Quels messages voulez-vous lancer à travers votre album ?

N. M. K : Comme je dis souvent, le premier message est l’Amour. Je crois beaucoup aux expériences de la mort imminente. Ce qu’on appelle imminent death experience (N. D. E.). Il s’agit de gens qui sont morts et sont revenus au bout de 10 minutes. Ils ont des visions et sont passés dans une autre dimensions. Chaque fois qu’ils reviennent, ils répètent tous la même chose : « on est là pour aimer, savoir ce qu’est d’être aimé et aimer l’autre ». Et c’est mon premier message.

Le deuxième message touche à notre universalité. Lorsqu’on entend l’histoire de l’autre et qu’on a conscience de ne pas être seul. Le blues le permet.

Le troisième message est d’apporter de la joie.

CC : Quelle est la part de la Dominicaine qui existe en vous ?

N. M. K : Mon amour pour les plats épicés et mon tempérament, très latin.

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