Patelam, Un Art fonctionnel

Sous les traits de la marque Patelam Art, se cache Patricia Elamé. Une artiste camerounaise unique en son genre. Son art suscite de l’intérêt au premier toucher. Sensoriel, fonctionnel et contemporain, il interagit avec toute personne qui s’en accapare. Couleur café l’a rencontrée.

Couleur Café : Comment as-tu commencé ?

Patelam Art : Tout a commencé à Kinshasa en 2005, lorsque j’ai voulu explorer ma fibre artistique que je nourrissais à travers les dessins de visages de femmes et des vêtements que je créais souvent pour moi. Mon art a évolué vers un mélange de sculpture, modélisme et fonctionnalité. 

Sculpter devenait impérieux pour moi car je voulais que mes dessins aient du relief et l’émoi que je ressentais à chaque fois que je me retrouvais face à une sculpture. Les détails des visages, leurs expressions me fascinaient.

Ne voulant pas être une « desperate housewife », J’ai demandé à mon époux de me ramener de l’argile, mes doigts ont pris la place du crayon et l’argile celle du papier. C’est ainsi que le premier visage est apparu. Ensuite ont suivi kyrielle de visages et figurines qui a attiré l’attention de sculpteurs (ices), qui m’ont fait l’amitié de me prodiguer de précieux conseils et tutoriels. 

Aimant créer des vêtements, la création des Poupées d’artiste, était ce qui me parlait le plus. Je m’exprimais franchement  par la création de sculpture que j’habillais avec des tissus et des bijoux. Le nom Mandobell art dolls, vient de Mandone, un surnom qu’un oncle m’avait attribué.

L’art et l’esprit de Carrol Boyes, une sculptrice sud-africaine décédée en 2019, ont été déterminants dans la maturation de mon art. Elle m’a permis de comprendre comment personnifier des objets usuels : Un plateau de service a pour anses des plongeurs ! Une anse de carafe. C’est ainsi que Mandobell art dolls est devenue Patelam art.

C. C. : Qu’est ce qui t’inspire ?

P. A. : Les courbes des visages, leurs expressions, les sourires, la gestuelle, un port altier, une nuque, un joli galbe de mollet, une fossette qui marque une joue. Le visage de ma mère, celui de ma grand-mère.

C. C. : Tu créés des personnages, tu sculptes à partir d’une photo, peux-tu nous raconter en quelques mots le processus d’une création ?

P. A. : La plupart du temps mes personnages sont issus de mon imagination. Il m’a parfois été demandé de reproduire des visages à partir des photos. Pour La création d’objets tels que le plateau fromage femme Sawa, j’ai dû concevoir, dessiner la forme du plateau (bois) imaginant l’expression du visage que j’y apposerai. 

La sculpture ou le modelage des visages se fait souvent comme une conversation entre l’argile, mon esprit et mes doigts. Mes outils préférés sont mes doigts. J’ai souvent recours aux aiguilles pour les traits de visages et pour des miniatures, Une fois que le visage suscite une émotion en moi, je le passe au four ménager. Une fois l’argile cuite, elle est poncée et peinte, puis je procède au choix du pagne. Après le drapage de la sculpture, il lui est appliqué un vernis alimentaire pour la rendre étanche et durable. 

C. C. : Quelle est ta matière préférée ?

P. A. : Ma matière préférée est l’argile car j’aime modeler. Qu’elle soit polymère, à eau ou en papier. J’aime son contact dans le creux de ma main. 

J’aime aussi les tissus, le verres et les métaux. Mon rêve ultime est de réaliser des sculptures en verre, avec du cuivre et de l’argent. 

C.C. : Lorsque tu travailles tu écoutes beaucoup de musique, pourquoi ?

P. A. : J’aime la musique. Elle décuple mon imagination, et me permets d’entrer dans ma bulle. Je ne vois pas le temps passer.

C. C. : Quelles musiques écoutes-tu ?

P. A. : Smooth jazz, jazz sud-africain, samba, Manu Dibango Etienne Mbappe Richard Bona, Marvin Gaye, Tania Maria, Norman Brown, Miles Davis, de l’afro-beat. Mais j’ai une préférence pour le smooth jazz. 

C. C. : Tu préfères travailler de jour ou de nuit ?

P. A. : Tout dépend de mon inspiration. Pour plus de discipline on va dire de jour mais ma journée se termine souvent très tard dans la nuit.

C. C. : Tes personnages sont souvent vêtus de foulards, d’habits traditionnels, y-a-t-il des messages à travers tes créations ? 

P. A. : Si par message on entend conjuguer finesse, utilité, Sawa et Cameroun ? Oui. Notre art est parmi les plus beaux au monde, à en juger par ce qui s’exporte. 

Pendant très longtemps nous avons fantasmé sur les cultures des autres (massai, Ndebele, Ashanti, baoule…) notre culture est riche. Le port du vêtement traditionnel vise à souligner notre identité. J’aimerais à ma façon susciter une curiosité pour notre culture. 

C. C. : Tu décores aussi des objets fonctionnels…

P. A. : Le simple geste de boire de l’eau peut devenir un geste artistique. Y rajouter le sourire chaleureux de la figurine qui sert d’anse à la carafe transmet une certaine énergie. 

J’observe l’objet sous toutes ses coutures et identifie l’emplacement le plus pratique pour la sculpture et sa signification : 

Par exemple pour les cloches à fromage avec un torse de femme en kaba, la cloche en rotin qui devient le prolongement de la jupe du kaba qui rompt le suspense en dévoilant à chaque fois qu’on la soulève le magnifique plateau décoré de plusieurs assortiments de fromages.

C. C. : Tu sembles avoir une clientèle fidèle, comment vends-tu tes œuvres ?

P. A. : En effet, ma communauté s’appelle les Patelamers, ce sont des gens qui vivent l’art. Ils le voient partout. D’où notre slogan «  living in art ». Je vends mes œuvres à travers les réseaux sociaux  Instagram, Facebook, Whatsap et le bouche à oreille. 

OÙ TROUVER PATELAM

A la Patelam art gallery à Bonapriso, 388 au 1er étage de la résidence jabea, 2361 rue du carrefour armée de l’air. 

Facebook https://www.facebook.com/Patelam-Art-288813097815715/ 

Ou https://www.patelamart.com/

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