ROLANDO LUNA AU BAL BLOMET

Il n’est plus à démontrer que l’île de Cuba regorge de talents. On ne compte plus le nombre de pianistes, comme s’il en pleuvait, dont le talent n’est plus à démontrer. Rolando Luna est un virtuose. « Encore un ! » Me direz-vous. Et mois de vous répondre : « Un de plus ! ». 

Lorsqu’en ce début 2024 je rencontre Philippe Monsan, le manager français du pianiste cubain, j’avoue, je ne sais absolument rien de lui. Et pourtant, il en a fait du chemin. 

Né à la Havane en 1978, il étudie d’abord la guitare classique puis tombe amoureux du piano à l’âge de 15 ans. En 2007, il a 29 ans. Il est invité au Festival de jazz de Montreux et remporte le prix piano. Il se produit aux côté d’Omara Portuondo, intègre le groupe Buena Vista Social Club et multiplie les collaborations avec différents artistes. Puis se lance avec succès dans une carrière solo et produit Alucinaciones en 2010, Rolando’s Faces en 2021, Mi Alma en Canciones en 2022, Live à l’Esprit du piano en 2024. Fort de son audace, il se fait une réputation et se retrouve sur toutes les scènes jazz.

C’est sur la scène du Bal Blomet qu’il officie le soir du vendredi 18 octobre 2024. Le personnel est ravi, la salle affiche complet. 

Je suis invité à le photographier pendant sa balance, et à l’interviewer après. Lorsque j’arrive, vers 17 heures, il est seul sur son piano et improvise, comme à la maison. Il m’accueille avec un large sourire et continue de jouer. À l’entendre, je découvre un passionné de musique, amoureux de son instrument. Est-ce du classique ? Du jazz ? De la musique afro cubaine ? 

Quelques minutes plus tard, vers 17 heures, nous dinons ensemble. J’ai l’occasion de l’interviewer. Nous parlons de sa relation avec le piano : « C’est mon moyen d’expression », me dit-il, «  c’est le moyen par lequel je communique avec le public. » Il me parle de son enfance, de ses rapports à l’Afrique et l’importance de la spiritualité.

Vers 21 heures, il est accueilli par un public impatient de l’entendre et entame une pièce, solo. Sa musique se laisse écouter, on est vite transporté par ses mélodies. Il aime improviser sur une boucle musicale, passe d’une note aiguë à une note grave, joue tantôt fort tantôt avec douceur, selon le sentiment qui l’habite. Il prend un air sérieux au gré des notes, puis sourit. Et pas qu’à moitié. Ses mimiques sont rythmées par les notes du piano. Il prend le public par les sentiments en improvisant une Marseillaise aux accents jazz et cubain, s’en amuse et l’invite à l’accompagner en chantant. Au bout d’une dizaine de minutes, ses deux autres acolytes le rejoignent : Felipe Cabrera à la contrebasse, Lukmil Perez à la batterie. Les artistes se répondent à travers les notes, ils se parlent, éclatent de rire. Le temps n’existe plus. Ainsi va le jazz, ainsi va la musique, jusqu’à la fin du spectacle. Le public en reveut, le pianiste lui offre quelques notes en guise d’un au-revoir pianissimo. Entouré de ses musiciens, il n’oublie pas de faire un selfie et l’invite pour une dédicace de son dernier album.

Samuel Nja Kwa, Texte et photographie 

À écouter :

Rolando Luna, Live à l’Esprit du Piano, 2024

CD Rolando Luna

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