Itinéraire d’une comédienne cubaine
Comédienne et actrice afro-cubaine, Linnett Hernández a un parcours incroyable : Au théâtre, elle a joué dans de nombreuse pièces dont Antigonón -Un contingente épico – mis en scène par Carlos Diaz. Au Cinéma, elle interprète le rôle d’une maman qui voit son fils prendre la voie de l’immigration dans le film Vicente B. Elle est bouleversante. Son ambition, intégrer le monde du cinéma et du théâtre en France trouver un rôle qui lui convient. Elle raconte son parcours.
Comment es-tu entrée dans le milieu du cinéma et du théâtre à Cuba ?
Très jeune, j’allais au théâtre, grâce à ma professeure de littérature de l’époque, qui s’appelait Barbara. Elle m’a emmenée voir une pièce de théâtre cubaine, et lorsque j’en suis sortie, je me suis dit que c’est ce que je voulais faire. Je viens d’un milieu de sport, j’ai pratiqué la gymnastique pendant sept ans, j’ai la capacité de m’exprimer à travers mon corps. Je suis entrée à l’université des arts en 2001 et j’ai passé 5 ans à l’Instituto Superior de Arte (ISA) à Cuba. Je me suis spécialisée en art dramatique. Ensuite, j’ai fait partie de la troupe de Teatro El Público, dont Carlos Díaz était le metteur en scène. J’y suis restée une dizaine d’années, nous avons joué du Shakespeare, du théâtre espagnol, latino-américain. Grâce à Carlos Diaz, le metteur en scène, j’ai voyagé avec la pièce Antigonón -Un contingente épico – qui a été présentée dans des festivals en France et en Amérique latine.
Au Cinéma, j’ai démarré dans un film qui s’appelle Kangamba, qui parle de guerre, où j’avais un rôle d’institutrice pendant la guerre d’Angola en 1983. C’était le premier film auquel je participais qui m’a aussi fait voyager, je suis allée en Colombie où j’ai travaillé dans un film français, l’homme de Chevet (d’Alain Monne, 2008 ; rôle : Lina la boxeuse) et Del amor y otros demonios/De l’amour et d’autres démons (de Hilda Hidalgo, 2008 ; rôle : l’esclave Caridad). C’est comme cela que j’ai rencontré mon mari, en 2008, et que je me suis installée en France. Ma Carrière a continué à Cuba, mais il m’était difficile d’entrer dans le milieu du cinéma français surtout parce que mon visa ne me permettait pas de travailler. Ma condition a changé lorsque je me suis mariée en 2012, ensuite j’ai commencé à travailler un peu plus en France.
J’imagine que lorsque tu es venue en France, il y avait aussi la barrière de la langue.
Oui bien sûr. Au début, c’était surtout très compliqué d’échanger, de discuter. J’ai passé un bon moment à apprendre, à écouter, à faire des exercices.
Tu continues toujours à travailler avec des réalisateurs cubains ?
Oui j’ai joué le premier rôle dans le film Vicenta B, réalisé par le cubain Carlos Lechuga, qui a été tourné en 2021 à La Havane et qui est sorti en septembre 2022. Ce film a été montré dans de nombreux festivals internationaux. J’y jouais le rôle d’une mère, voyante cubaine qui vit dans un univers africain. L’histoire se passe à Cuba, on y parle d’immigration, de situation politique et d’exil. C’est une histoire universelle.
Est-ce que le fait de vivre loin de Cuba t’a aidé pour mieux interpréter ce rôle ?
Absolument. Je suis une immigrante, je suis aussi une maman. Tout ça m’a permis de construire ce personnage qui devait faire face au départ de son propre enfant.
Depuis que tu vis en France, comment fais-tu pour trouver des rôles ? As-tu un agent ?
Je cherche un agent, je n’en ai pas. Je continue à chercher, à travers le bouche à oreille, les réseaux sociaux. J’ai l’impression que c’est compliqué pour un agent de trouver du travail pour une actrice latino-américaine cubaine. Il y a un moment où on me parle de mon accent pour un rôle qui n’en nécessite pas. Ma situation est un peu plus difficile, mais je ne désespère pas, ça peut évoluer.
Quelles sont tes ambitions ?
Je ne baisse pas les bras, j’ai différents projets notamment un sur Joséphine Baker, je fais une performance que je prépare et qui aura lieu à la Goutte d’Or ce mois d’avril, et j’améliore mon français.