Dans l’atelier de Dodji Efoui

Dodji Efoui, « Je porte toujours le Cameroun dans mon cœur » 

Dodji Efoui est un artiste plasticien et musicien Togolais. Lorsqu’il décide de quitter un moment son pays pour se rendre au Cameroun, il est guidé par une envie de savoir et de rencontres. Sur place il fait de nombreuses rencontres, qui vont bouleverser sa façon de penser et de travailler. Il raconte son expérience et ses préoccupations actuelles.

Couleur Café : Tu es un artiste voyageur, tu as vécu quelques années en dehors de ton pays le Togo, au Cameroun et en Côte d’Ivoire, avant de revenir. Qu’est ce qui t’a fait partir ?

Dodji Efoui : Oui j’ai vécu au Cameroun vers 2005, je tournais en rond et je voulais enrichir mon travail, m’ouvrir à de nouvelles choses et rencontrer de nouvelles personnes.

CC : Combien de temps es-tu resté au Cameroun et qu’est-ce que ça t’a apporté ?

D E : J’y ai vécu pendant 6 ans. Le Cameroun m’a bousculé ! Je viens d’une famille chrétienne avec toutes les contraintes que ça comporte, tout ce qu’on t’inculte : Quand est-ce que tu peux devenir artiste ? À partir de quel moment ? Comment repousser ses propres limites ? Le Cameroun m’a permis de me confronter à tout cela.

CC : Alors pourquoi es-tu finalement rentré au Togo ?

D E : Parce qu’il a fallu digérer tout ça, c’était intense. Le Cameroun est un pays à haute température en termes d’ambiance, de culture et de richesse. Donc au bout d’un moment, il fallait que je revienne pour trouver ma propre voie. Mon travail, aujourd’hui, est ce qu’il est grâce à toutes ces énergies.

CC : Tu t’exprimes à travers la peinture, les installations, la musique. Est-ce que tous ces médiums influent les uns sur les autres ?

D E : Ils sont tous d’un registre émotionnel commun. L’art plastique, en termes de tonalité, parce qu’il s’agit de texture qu’on peut toucher ; et la musique, en terme de sonorité, qu’on ne peut pas forcément saisir mais qui procure une certaine émotion. Dans cet univers, j’essaie d’introduire des formes dans mon travail musical et sonore, comme s’il s’agissait de sculptures, d’objets, qui émettent des sons ou qui ont besoin d’être transformés. Tout s’imbrique, tout est en symbiose. Tout mon travail, comme plasticien ou musicien, est un poème hybride où il y a plein d’éléments qui entrent en jeu.

CC : Dans ton travail, il y a des éléments recyclés qui se retrouvent dans ta musique et dans tes œuvres visuels

D E : J’y suis arrivé au fur et à mesure que j’avance, que je réfléchis sur ma façon d’intégrer mon univers plastique à ma musique et vice versa.

CC : C’est aussi ce que tu transmets aux jeunes à travers des ateliers.

D E : C’est une chance de pouvoir transmettre. On accumule des connaissances qu’il faut transmettre, c’est une bénédiction et c’est normal.

CC : Comptes-tu revenir un jour au Cameroun ? Pour une exposition par exemple ?

D E : Je suis toujours hanté par ce pays, en particulier par la ville de Douala qui m’a procuré beaucoup de plaisir, où j’ai vécu des choses intenses.  Je porte toujours le Cameroun dans mon cœur, j’y suis spirituellement rattaché. Je rêve d’y retourner et d’y réaliser une performance sonore avec des œuvres picturales. 

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