Joyce N’sana va de l’avant
Entretien et photographies
Samuel Nja Kwa
Une voix intense et suave, un groove qui vous emporte sur les voies du rock, du reggae, de la dance-hall, de la pop africaine et de l’afrobeat, Joyce N’sana a tout d’une grande artiste. Couleur Café s’est rendu au festival International Nuits d’Afrique à Montréal au mois de Juillet à sa rencontre. Après la parution de son nouvel EP, O Bosso, elle affiche son ambition.
Couleur Café : D’où viens-tu ?
Joyce N’sana : Je suis née au Congo Brazzaville où j’ai grandi. J’ai habité en France pendant quelques années avant d’atterrir à Montréal où je suis depuis à peu près 10 ans.
Couleur Café : Depuis quand tu chantes ?
Joyce N’sana : J’ai grandi dans une famille où il y a des musiciens. Mon père, Jean-Claude Nsana, est auteur, compositeur et guitariste, il écoute du blues, du negro-spiritual, du jazz. C’est comme ça que la musique a germé en moi. Elle a toujours été présente chez nous. Ma mère a fait partie d’une chorale, ma sœur et moi avons été choristes de notre père très jeunes.
C. C : Tu veux dire que tu as chanté dans la chorale de ton père ?
J. N : Ma première scène a été celle de l’église. J’en ai appris des choses. Le fait de chanter avec les autres, d’entendre sa voix, de connaitre les voix, de faire la distinction entre les voix, c’est ce que ma sœur et moi avons appris.
C. C : J’imagine que tu as déjà des enregistrements
J. N : J’ai 2 EP, et je prépare un album pour 2023.
C.C : Tu es présente sur la scène du Festival international Nuits d’Afrique avec ton propre band, comment as-tu rencontré ces fabuleux musiciens ?
J. N : L’image de ce groupe est à l’image de Montréal. Dans ce band qui m’accompagne depuis quelques années déjà, il y a quelqu’un comme Chris Amel qui est Québécois, dont les parents viennent de Grande-Bretagne ; à la batterie, il y a Michel Medrano brindis qui vient de Cuba, qui est là depuis des années, un autre musicien qui vient de Saint-Vincent, Joey Chanane vient du côté anglophone du Canada, il y a Élie Miller Maboungu qui est un Québécois d’origine Congolaise et ma sœur et moi. Nous avons une identité plurielle.
Mon premier EP, qui avait une couleur un peu plus reggae, je l’ai fait avec des producteurs d’origine jamaïcaine mais qui vivent à Montréal. Avec le deuxième E.P., intitulé O Bosso, J’ai reçu le prix révélation Radio Canada. Cet EP a été fait grâce à la rencontre avec Fred Hirschy qui est basé au Sénégal, et qui a travaillé avec Daara J. Family, Fredy Massamba et bien d’autres musiciens.
C. C : Quels messages véhicules-tu dans ta musique ?
J. N : Je parle de réalités vécues dans mon pays d’origine, qui finalement touchent ceux qui sont aussi en Occident. Je parle par exemple du viol qui est utilisé comme une arme de guerre au Congo, et je me rencontre que cet acte criminel est aussi utilisé comme arme de guerre dans d’autres pays aussi. Je parle de la condition féminine, de celle des enfants. Très tôt et avec mon expérience, j’ai compris que le musique n’est pas seulement pour le « fun », mais aussi pour véhiculer des messages. Parler des choses simples et importants ou plus dures. La musique a toujours été utilisée pour changer les choses, pour être une éveil de conscience. Je poursuis la tâche de mes prédécesseurs.
C. C : Ta musique a plusieurs couleurs
J. N : Les premières musiques que j’ai entendues sont celles de mon père, le negro-spiritual, le blues, le jazz. Si un jour il fait une apparition dans un de mes albums, on verra d’où je viens, aussi bien au niveau vocal que musical.
C. C : Est-ce qu’on peut espérer t’entendre sur une scène européenne ?
J. N : Nous sommes au Canada et nous prévoyons de sortir du continent américain l’année prochaine. Nous venons de faire une longue tournée dans différentes villes canadiennes, nous avons fait l’ouverture de ce festival avec Tiken Jah Fakoly.
C. C : Où peut-on t’écouter ?
J. N : On peut m’écouter sur toutes les plateformes de téléchargement comme i-tune, youtube spotify etc… on y trouve mon EP O Bosso qui veut dire aller de l’avant.
