LES CONSEQUENCES NEFASTES DE LA DÉPIGMENTATION COSMETIQUE VOLONTAIRE (DCV)
De plus en plus de femmes et d’hommes, d’origine africaine, se dépigmentent la peau. Le passage du « foncé » au « clair » n’est pas sans conséquence. Notre spécialiste, Docteur Njapoum – Elong, évoque les dangers de cette pratique.
Qu’est-ce que la Dépigmentation Cosmique Volontaire (DCV) ?
Il s’agit de l’utilisation de produits « cosmétiques » dans le but de s’éclaircir la peau.
La DCV est encore appelée « Djansang » (ginseng) au Cameroun, en référence à la couleur d’un condiment bien connu utilisé pour parfumer les mets locaux.
Les méthodes utilisées pour s’éclaircir la peau :
- Les crèmes à base de :
- Cortisones
- Hydroquinone
- Glutathion
- Vaseline salicylées
- Rétinoïdes (dérivés de vitamine A)
- Sels de mercure
- Les injections à base de :
- Corticoïdes
- Glutathion
- …
- L’ingestion de comprimés/gélules à base de
- Corticoïdes
- Glutathion
- …
Toutes ces méthodes sont utilisées de façon détournée pour la DCV. La plupart est d’ailleurs interdite pour les usages cosmétiques.
Dans quelles régions du monde cette pratique est-elle la plus fréquente ? Et pourquoi ?
La DCV est un fléau en Afrique subsaharienne essentiellement et en Asie dans une moindre mesure.
La pratique de la DCV est motivée par une préoccupation « esthétique ».
En effet, les personnes adeptes de cette pratique sont convaincues que plus leur peau est claire et plus ils/elles sont beaux/belles. La DCV est donc un moyen de séduction comme un autre.
Où trouve-t-on ces produits ?
Les produits dits « cosmétiques éclaircissants » sont vendus sur les marchés, les salons esthétiques, les magasins commercialisant les produits cosmétiques de toutes sortes en Afrique, au vu et au su de tous. Les autorités publiques ne déploient généralement pas les actions nécessaires pour combattre ce fléau en Afrique
En Europe ces produits sont interdits à la vente, mais on en trouve facilement dans les magasins et boutiques de produits cosmétiques dans les quartiers à forte concentration de populations noires. Parfois certains utilisateurs élaborent eux-mêmes leurs produits en vue de la DCV.
Quelles sont les conséquences de la DCV ?
Les conséquences sur la santé physique et psychique sont nombreuses et catastrophiques.
Les plus fréquentes sont dermatologiques, mais elles peuvent être aussi systémiques.
- L’utilisation de corticoïdes entraîne :
- Dermatoses infectieuses : gale, érysipèle, dermatoses bactériennes, mycoses cutanées
- Fragilité de la peau par amincissement de cette dernière, responsable de problèmes de cicatrisation, et de vergetures
- Acné : boutons pustuleux sur le visage
- Hyperpilosité surtout sur le visage (hirsutisme)
- Eczéma de contact
- Hypertension artérielle (HTA)
- Maladies endocriniennes telles que le diabète, la maladie de cushing entrainant une obésité du torse et un visage bouffi.
- Fragilité osseuse
- Complications obstétricales dont poids anormal du nouveau-né et mauvaise cicatrisation en cas de césarienne
L’utilisation d’hydroquinone entraîne : - Dyschromie : hyperpigmentation autour des yeux en lunettes, des ongles,
- Peau rugueuse et épaisse,
- Pigmentation bleutée et grisâtre des oreilles
- Pathologies oculaires : cataracte, glaucome
L’utilisation de dérivés mercurielles entraîne : - Allergies
- Décoloration des ongles
- Hyper pigmentation paradoxale
- Toxicité neurologique
- Insuffisance rénale terminale
L’utilisation des Rétinoïdes entraîne : - Brûlures
- Prurit (démangeaisons)
- Érythème (rougeur)
- Ichtyose (sécheresse de la peau, desquamation)
On a noté des cas de cancers cutanés à la suite de la pratique abusive et longue de la DCV, ainsi que des cas de décès.
Comment prévenir la DCV ?
- Information des populations, surtout les jeunes par tous les canaux possibles (magazines papier, magazines en télévision, spots publicitaires, … etc).
- Application effective de l’interdiction d’utiliser ces produits en cosmétique
Dans certains pays d’Afrique, l’interdiction de l’utilisation cosmétique en vue de la DCV ainsi par la publicité est effectivement mise en pratique.
Il serait également utile de mettre en place une prise en charge psychologique et physique des femmes et des hommes adeptes de la DCV, en vue de les inciter à arrêter ces pratiques désastreuses, en leur communiquant une information la plus complète possible sur les risques encourus.
La prise en charge médicale est essentielle à la réussite du sevrage de DCV.
La DCV nuit gravement à la santé, d’où l’intérêt d’inciter les populations à prendre soin, à conserver et à protéger leur carnation d’origine.