LES NOUVELLES D’ADÈLE

Je viens aux nouvelles ce matin ; 
Dis-moi comment vas-tu ce matin ? Réellement comment te portes-tu ?loin du visage que tu affiches sur les réseaux sociaux, je veux connaitre la vérité.
Ça fait un moment que je ne t’ai pas vu, tu n’as jamais le temps ; tu es toujours partie, pourtant un petit Calao perché sur un arbre dans la cour de ma maison m’a dit que tu te cachais dans l’obscurité de ta case.
Dis-moi te souviens-tu de lorsque nous allions nous baigner dans le bras du fleuve qui irrigue notre village ? Ceci doit être un souvenir bien lointain pour toi qui aujourd’hui te promènes le long des plages au sable blanc de Kribi .
Te souviens-tu, il y a encore quelques années que maman nous offrait des kabas, ces petites robes en tissus pagnes qu’elle-même confectionnait sur sa machine à coudre ? Plus jeunes nous en raffolions, mais aujourd’hui je constate que tu es éprise de ces robes de marques dont tu postes tous les jours les sacs d’emballages.
Je garde en souvenir ces jours où nous rentrions de l’école ensemble, faisions escale chez moi pour manger le plat que maman avait cuisiné puis allions chez toi pour partager aussi le tien ;
Nous raffolions de ces galettes obtenues après que la marmite de couscous de farine de maïs ai séché au feu de bois.
Pendant les heures interminables de vacances, nous jouions du matin au soir à la poursuite, à la cuisinière, aux claquettes communément appelé dans notre cour mbang, à la corde au jeu de « cousin et cousine ».
Pendant que les adultes causaient, nous nous cachions derrière les meubles, pour les écouter parler et ainsi apprendre quelques mots dans notre dialecte et quand les parents nous surprenaient entrain de les espionner, ils nous donnaient une belle fessée à toutes les deux.
Tous ces souvenirs je les gardes aussi précieusement que les valeurs que nous ont enseigné nos parents ; le respect des cultures et traditions de chez nous.
Aujourd’hui, tu ne connais plus l’huile de coco, que nos mamans appelaient manyanga, tu as oublié ces jeux d’enfants, ces mets qui ont fait notre enfance, qu’aujourd’hui tu qualifies de villageois. D’ailleurs tu as abandonné nos kabas pour te revêtir de ces bouts de tissus rapiécés qui sont aujourd’hui à la mode ; je veux bien comprendre ton désir d’émancipation, aujourd’hui ton fil d’actualité sur les réseaux sociaux parle.
Les restaurants chics, les grands hôtels, les pieds dans le sables des plus belles plages, des bijoux de luxe, des factures à l’addition salée.
Je me suis souvent demandée pourquoi tu n’affichais jamais ton visage sur ces photos ; puis un jour le petit calao m’a chuchoté que ce n’était pas toi sur cette photo.
Le petit Calao m’a dit que tu téléchargeais les photos que tu partageais pour illustrer la vie que tu prétends vivre.
Subitement, moi qui te voyais avec beaucoup d’admiration te regarde aujourd’hui avec beaucoup de pitié …pourquoi tant de superficialité ? 
Être soi-même n’est pas un crime ; respecter sa culture et ses traditions encore moins. Jettes loin de toi toute cette superficialité, viens sous le soleil, à l’ombre du baobab  et tu verras combien la vie te sera agréable. J’espère que mon conseil t’atteindra dans l’obscurité de ta case. 

Amicalement Adèle

Start typing and press Enter to search