Maë Defays, ENTRE SOUL, JAZZ ET CARAÏBE

Après deux EPs, publiés en 2020 et 2021, la chanteuse et guitariste Maë Defays sort « A deeper Ocean ». Un premier album très abouti, qui révèle sa personnalité. Libre et affirmée. Elle « explore les profondeurs de l’océan et de l’âme humaine. » Rencontre.

Couleur Café : Ton album s’intitule « A Deeper Ocean », est-ce à dire que tu t’es inspirée de la mer ?

Maë Defays : Ce titre a plusieurs sens, je voulais aussi puiser des choses en moi. On peut y voir une métaphore, laisser vaguer son imaginaire. Je me suis rendue compte que j’écrivais plein de chansons liées à des éléments naturels, notamment océanique, j’y ai puisé mon inspiration. 

Mathieu Chedid, que j’ai rencontré lors d’une collaboration avec un autre artiste m’a donnée quelques conseils et j’en ai tenu compte. La mer a été mon fil conducteur, je parle de ma vie ou d’autres expérience à partir d’éléments naturels. Je parle des choses qui me préoccupent, mais ce n’est pas un album écologique.

C.C : Tu as été dans une école de jazz, le Centre des Musiques Didier Lockwood, qu’est-ce qu’on y apprend ?

M. D. : J’ai été dans un conservatoire ensuite au Centre des Musiques Didier Lockwood. Au conservatoire, j’ai appris toutes mes bases, l’harmonie, la lecture. Chez Didier Lockwood, il fallait déjà avoir un niveau un peu plus élevé pour y entrer. J’avais mes bases de jazz standard, on a développé un jazz un peu plus moderne, les musiques du monde, les musiques improvisées mais pas uniquement jazz. On apprenait à utiliser notre voix comme instrument, ça m’a permis de rencontrer des personnes avec lesquelles je travaille encore aujourd’hui. J’avais des professeurs qui sont aussi des musiciens, qui jouent, qui sont présents dans la scène jazz actuelle et qui ont une carrière.

C. C. : Est-ce dans cette école que tu as appris à écrire tes textes et à structurer ta musique ?

M. D. : Pas vraiment. Je suis la plus pop des chanteuses de jazz de cette école. Dans le milieu jazz je suis vue comme une artiste qui fait de la pop et inversement, dans le milieu pop je suis vue comme une artiste qui fait du jazz. Je ne me mets pas d’étiquette. Dans cette école, j’ai étudié un jazz moderne instrumental. Je ne m’oriente pas forcément vers un jazz vocal où on joue beaucoup de standards, je suis beaucoup plus favorable à un jazz un peu plus moderne. Dans cette école, j’improvisais et il m’arrivait bien entendu de chanter des standards, mais ce n’est pas une école de chanteurs. En tant que musicienne j’ai appris à composer et à arranger, surtout les cordes et les cuivres.

C.C. : Cette base t’a été utile pour ton album tout de même ?

M. D. : J’avais une base et j’ai co-écrit avec un ami américain, Desmond Mayers. Il m’a aidée pour l’anglais parce que je voulais que ce soit le plus juste possible. Toutes les compositions sont de moi, j’ai tout fait, ensuite l’arrangement s’est fait en studio, à l’ancienne. Les musiciens se sont réappropriés des parties qu’ils avaient écouté mes maquettes, mais je ne voulais pas leur donner trop de piste car j’avais envie de recevoir ce qu’il pouvait m’apporter. Pour les arrangements de cordes, j’ai fait appel à mon père, Olivier Defays, saxophoniste.

C. C. : Et tu as collaboré avec Sly Johnson pour la réalisation 

M. D. : Oui il a coréalisé l’album avec moi, nous étions ensemble pendant tout l’enregistrement, il m’a aidée à sélectionner les titres, à trouver un son plus soul qui correspond un peu plus à ma voix. Il est venu avec des musiciens pour m’accompagner, il m’a bien entourée.  

C.C. : L’album est presqu’en anglais, tu as consacré la dernière piste à une chanson en français…

M. D. : Dans mes deux premiers EPs j’avais toujours mis un titre en français et un autre en créole. Je n’aime pas choisir, c’est juste des choses que j’ai envie de développer avec le temps. Mes chansons sont majoritairement en anglais, je ne voulais pas non plus mettre une chanson sur deux en français ou anglais, ça n’aurait pas de sens. Je préfère valoriser la cohérence esthétique plutôt que la langue. La dernière chanson qui est en français parle du lien entre la Caraïbe et l’Afrique. C’est une chanson assez profonde, qui retient l’attention. Les accords de ce morceau sont ceux de l’introduction, je voulais que ça fasse comme un cycle, comme si on réécoutait l’album. 

C.C. : l’album est accompagné de vidéos, où il y a de la danse contemporaine, qui est la chorégraphe ?

M. D. : Elle s’appelle Mathilde Villard. Nous avons trouvé les danseurs via Instagram, ensuite nous nous sommes rencontrées avant le début du tournage. Je voulais anticiper les chorégraphies ensuite les apprendre aux danseurs en Guadeloupe. 

C. C. : As-tu pris des cours de danse ?

M. D. : j’ai fait 10 ans de danse en même temps que la musique, mais j’ai choisi la musique. J’ai toujours gardé la danse à côté. Je n’avais pas tellement de morceaux qui se prêtaient à la danse dans mes EPs, mais dans ce nouvel album, on trouve des morceaux un peu plus rythmés. J’aimerais bien intégrer la danse dans mes spectacles notamment sur des grandes scènes.

C. C. : J’ai aussi remarqué tes différentes tenues dans tes vidéos, as-tu travaillé avec un styliste ?

M. D. : Plusieurs. Nous avons aussi rajouté des fripes, des habits achetés dans des magasins. J’ai travaillé avec des créateurs de bijoux en Guadeloupe pour avoir une touche locale. Les cauris rappellent l’Afrique et les graines la Guadeloupe. J’ai rencontré le designer sur Instagram, il y a aussi Lady Sweety, une rappeuse qui fait des vêtements. 

C.C : Ton album sort le 26 janvier et tu donnes un concert au New Morning à Paris le 30 janvier. Tu vas être entourée d’une nouvelle équipe.

M. D. : Effectivement, je me suis entourée de nouveaux musiciens que je dévoilerai au New Morning.

C. C. : Quel est le regard de ton père sur cet album ?

M. D. : Mes parents m’ont toujours soutenue, notamment à mes débuts. Pour cet album, je ne voulais pas trop les impliquer. Mon père a certes arrangé les cordes mais il n’interfère pas dans mon travail, il me laisse faire mes choix. 

Propos recueillis par Samuel Nja Kwa

Quelques titres à découvrir :

Mangrove : https://www.youtube.com/watch?v=lWrAJC3dUR0

Hi Tide : https://www.youtube.com/watch?v=vZoA72tLypA

« A Deeper Ocean », sortie de l’album le 26 janvier

En concert au New Morning le 30 janvier

Plus d’infos sur : https://www.maedefays.com 

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